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Burkina Faso : le secteur des mines plie mais ne rompt pas

Au Burkina Faso le secteur des mines est affecté par la crise sécuritaire que traverse le pays depuis 2015.

Sur la période 2021-2022, ce sont au total 6 mines en exploitation qui ont fermé, toute chose qui a négativement joué sur le niveau de la production minière et sur les recettes engrangées par l’Etat.

Situation du secteur des mines en 2020

Avec 17 mines en exploitation, les revenus nets générés par le secteur des mines (y compris les sous-traitants miniers), au profit de l’Etat burkinabè, s’établissent à 291,70 milliards de FCFA en 2020 contre 160,16 milliards de FCFA en 2019, soit une augmentation des recettes de 82,13%.

Outre les recettes d’exportation, en 2020 le secteur des mines a approvisionné à hauteur de 46 milliards de FCFA le Fonds Minier de Développement (FMDL) et reversé 12 milliards de FCFA au titre des taxes superficiaires aux communes affectées par l’exploitation minière.

La quantité totale d’or (industrielle et artisanale) produite en 2020 s’établie à 62,74 tonnes, soit une augmentation de 12,45 tonnes par rapport à l’année 2019. La valeur totale de l’or extraite au Burkina Faso en 2020 s’établie à 1 891,17 milliards de F.CFA.

Pour l’exercice 2020, le secteur des mines a contribué pour 14,3% aux recettes de l’Etat et pour 16% au Produit Intérieur Brut (PIB). On estime à 516 312 le nombre d’emplois (y compris le secteur artisanal) dans le secteur en 2020.

La compagnie Endeavour Mining, avec trois mines en production (ESSAKANE SA, HOUNDE GOLD OOPERATION SA et SEMAFO Burkina Faso SA), est la figure de proue de l’industrie extractive au Burkina Faso. L’apport du groupe au budget de l’Etat s’élève à plus de 81 milliards de FCFA pour l’exercice 2020.

La croissance enregistrée en 2020 s’explique d’une part par l’entrée en production de la société NORGOLD Samtenga SA et de la Société des Mines de Sanbrado (SOMISA) SA et d’autre part par l’augmentation du prix moyen de l’or qui a atteint 2018,74 dollars l’once sur le marché en juillet 2020.

Les destinations des minerais burkinabè en 2020 sont principalement la Suisse, l’Inde, la Belgique, la France, les Emirats Arabe Unis, la Turquie, le Koweït, Monaco, le Mali, les Etats-Unis d’Amérique, la République Tchèque, le Portugal, le Canada…

Malgré quelques difficultés, à la fin 2020, le secteur des mines jouit d’une situation saine et globalement stable.

Novembre 2021 : le drame d’Inata

En octobre 2021, avant l’entame de l’année 2022, le gouvernement burkinabè procédait au retrait du permis d’exploitation de la mine d’Inata initialement octroyé à la Société des Mines de Belahourou (SMB) du groupe anglais Avocet Mining, rachetée en février 2018 par le Groupe indien Balaji.

Les raisons avancées par les autorités burkinabè sont l’incapacité financière de Baladji et la rupture de confiance due à sa gestion peu rassurante. Pour investirauburkina.net, la raison fondamentale ayant mis en difficulté l’exploitation de la mine est l’aggravation de l’insécurité dans la zone. Pour preuve, un mois après le retrait du permis d’exploitation de la mine à Baladji, Inata subit l’une des attaques les plus meurtrières de l’année, perpétrée par une horde d’environ 300 terroristes le 14 novembre 2021, causant la mort de 49 gendarmes et 4 civils.

Le drame d’Inata ne sera que le signe précurseur d’une année de galère pour les miniers. Les attaques se sont non seulement amplifiées mais de plus en plus dirigées contre les mines.

Sérieux coup de mou pour le secteur des mines en 2022

La crise sécuritaire a fortement impacté le secteur des mines en 2022, occasionnant une baisse drastique du niveau de production et des recettes minières.

Face à la dégradation de la situation sécuritaire, les sociétés minières se voient obligés de convoyer leurs personnels par voie aérienne. A ces tracasseries s’ajoutent les dépenses de sécurisation des convois terrestres de ravitaillements.

Toutes ces charges ont contribué à augmenter les charges d’exploitation des mines et réduire les marges bénéficiaires des sociétés minières en 2022, avec une répercussion criarde sur le budget de l’Etat.

Fermetures de sites miniers 2022

L’année 2022 est assurément l’année la plus difficile, jamais vécue par les miniers au Burkina Faso depuis le boom minier dans les années 2000.

A la fin septembre 2022, plusieurs mines vont devoir fermer pour raison d’insécurité. Les assaillants menacent non seulement le personnel mais aussi le matériel des sociétés minières. De nombreuses zones d’exploitation minière passent alors en « zone rouge ».

Pour la seule année 2022, ce sont six (6) mines industrielles qui ont cessé activité à cause de la menace terroriste.

Les mines de Youga, Nietiana et Ouaré (du canadien Avesoro ressources), de Namissiguima (de l’australien Riverstone Karma), de Taparko et de Bouroum (du russe Nordgold) ont successivement fermé.

Le 9 avril 2022 c’est le russe Norgold qui annonçait l’arrêt de sa mine de Taparko située dans la région du Centre-nord à environ 200 km au nord de Ouagadougou, pour cause d’insécurité. La mine, en exploitation depuis 2007 par SOMITA la filiale locale de Nordgold, est la première mine privée du Burkina Faso et la première mine exploitée par Nordgold sur le sol africain. Le 3 octobre 2022, Bouroum, un site satellite de Taparko, également propriété de Nordgold, a subi une attaque terroriste suite à laquelle elle va également suspendre ses activités.

La mine d’or de Youga, située dans la région du Centre-est, à plus de 200 km au Sud-est de Ouagadougou, exploitée par la société Burkina Mining Company, filiale locale du groupe Avesoro Ressources, ferme également. Suivent les mines de Netiana et de Ouaré, deux autres mines exploitées par le groupe, qui plient également bagages.

Puis vient la fermeture mine d’or de Nammiguima propriété Riverstone Karma SA dans la province du Sanmatenga dans le Centre Nord.

Au total, ce sont six (6) mines d’or qui ont fermé en 2022 pour raison d’insécurité, entraînant une chute de 20% de la production industrielle d’or en mars 2022 (5.22 tonnes), comparativement à la même période en 2021 (26.1 tonnes).

A la fermeture de ces six (6) mines d’or, s’ajoute la fermeture de la mine de zinc de Perkoa suite à une inondation survenue le 16 avril 2022 et ayant entrainé la mort de 8 personnes.

Sur les 17 sociétés minières que comptait le pays, seulement huit (8) sont en activité à la fin décembre 2022.

Recul de la production et baisse drastique des recettes minières

Sur la période allant de janvier 2022 à novembre 2022, la production d’or chute à 52,279 tonnes contre 61,041 tonnes sur la même période en 2021, soit un recul de 14,4%.

Ce recul s’explique en grande partie par l’arrêt de la production des mines de Youga, de Nammiguima et de Bouroum.

Fort heureusement, le choc sur les recettes de cette chute de la production aurifère sera atténué par le cours de l’once d’or qui a connu une hausse de 3,6% en novembre 2022 par rapport à octobre 2022, passant ainsi de 1665,6 dollars US en octobre 2022 à 1 725,4 dollars US en novembre 2022.

A la fin novembre 2022, le manque à gagner pour l’État burkinabè est estimé à 25 milliards de FCFA soit 38 millions d’euros.

Pertes d’emplois dans les mines

Selon le rapport d’avancement 2021 adopté le 27 avril 2022 par le Comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), le nombre d’emplois directs et indirects créés par le secteur minier (y compris l'artisanat) est passé de 43 606 en 2018 à 235 423 en 2021.

Pour la seule année 2022, ce sont au total 2 257 emplois directs qui ont été perdus suite à la fermeture des six (6) mines.

Malgré la crise, le secteur des mines continue d’attirer de nouveaux investissements

Malgré la crise sécuritaire qui secoue le pays en 2022, le secteur des mines n’a pas rompu. De nouvelles perspectives pour 2023 sont d’ailleurs annoncées par les sociétés minières.

La mine d’or à Bomboré, exploitée par le groupe Orezone a d’ailleurs de couler son premier lingot d’or le 1er décembre 2022. Avec une réserve d’or estimée à 31 tonnes pour une durée d’exploitation prévue pour 12 ans, la mine de Bomboré va générer 144 milliards F.CFA en termes d’impôts et de taxes au profit du Budget de l’Etat et plus de 7 milliards FCFA au profit du Fonds minier de développement local. Au titre des emplois, ce sont 620 emplois directs qui sont attendus pendant sa phase d’exploitation.

La société australienne West African Resources Limited qui exploite la mine de Sanbrado a également annoncé avoir intercepté de nouvelles zones de forte minéralisation aurifère et que d’autres bonnes nouvelles seront communiquées au cours du premier trimestre 2023, toute chose qui augure de perspectives de croissance pour la société en 2023.

On note également l’entrée récente de SALMA mining SA, première société minière industrielle entièrement financée par des capitaux burkinabè. La société a bénéficié d’un permis d’exploitation accordée par le gouvernement burkinabè en 2021. La construction de la mine devrait débuter courant ce premier trimestre 2023.

La situation sécuritaire s’améliore progressivement grâce aux efforts des nouvelles autorités contre l’hydre terroriste et l’année 2023 devrait apporter du souffle au secteur minier, de sorte à permettre la relance des projets miniers à l’arrêt et de nouveaux investissements.

Passionné du Web, à la fois Economiste et Conseiller en Gestion des Ressources humaines, monsieur BAMBIO a fondé investirauburkina.net en février 2007.
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