Secteur industriel au Burkina Faso : réduire l’informel et booster le « consommons local »
La contribution des services marchands au secteur tertiaire se situe à plus de 50%. L’épineux problème est que cette contribution, dans le cadre formel de l’économie, ne fait que baisser : elle est passée de 22,7 % du PIB sur la période 1996-2000 à 14,3 % entre 2011 et 2015.
Ce recul est une conséquence directe de l’«informalisation» du tertiaire dans le commerce, les transports, la restauration et des autres services marchands.
L’apport du secteur informel aux recettes fiscales par le paiement de patentes, bien que n’étant pas négligeable est assez faible.
Pour assurer une meilleure contribution du tertiaire à l’économie, le gouvernement burkinabè cherche à répondre aux défis de l’accompagnement des PME vers leur formalisation et l’accès au crédit. La Banque de développement agricole, qui n’est pas dédiée exclusivement à ce secteur, doit contribuer à solutionner le second enjeu. La loi d’orientation pour la promotion des PME et la charte des PME, adoptées toutes les deux et ce depuis 2018, définissent quant à elles le cadre général des mesures incitatives en matière d’organisation, de financement, de sous-traitance, de formation, de fiscalité, d’accès aux marchés ou d’accès à des sites aménagés par les PME.
La simplification et la baisse des coûts de création d’entreprise, notamment par le renforcement des guichets uniques dans les chefs-lieux de régions, figure dans la loi d’orientation comme un objectif prioritaire.
Celle-ci réaffirme aussi la nécessité de favoriser l’accès des PME au foncier, notamment dans des zones industrielles et commerciales. La loi engage même l’État à assurer le paiement dans les temps des PME lors de l’exécution de marchés publics, de même que les grandes entreprises à davantage faire appel à elles. Elle vient également formaliser l’avantage accordé depuis quatre ans aux PME dans la commande publique pour favoriser la consommation locale de produits locaux.
Le Faso Dan Fani, le pagne tissé burkinabè, booste le « CONSOMMONS BURKINABÈ »
Cette impulsion vers le « consommons local » a débuté après le renversement du régime Compaoré, notamment à travers un appel lancé pour redonner une place de choix au Faso dan fani, le pagne tissé emblématique du Burkina Faso, à l’occasion de la journée internationale de la femme. Cette mesure a par la suite été entérinée par le gouvernement, qui a également encouragé le port du Faso dan fani dans l’administration, à l’occasion des cérémonies officielles ou dans la décoration de bâtiments administratifs, et même pour la confection des tenues des élèves des écoles publiques. Par ailleurs, un arrêté daté du 31 janvier 2017 invite désormais les structures étatiques, dans le cadre de leur approvisionnement, à acheter des produits alimentaires locaux.
L’un des premiers produits concernés a été le riz. La liste a été élargie par la suite aux produits manufacturés et artisanaux, aux produits issus du manioc ou encore aux jus. En plus de créer de l’activité et de la richesse, ces mesures doivent permettront de réduire la part des importations de produits alimentaires dans la balance commerciale, en la faisant passer de 10,10 % en 2015 à 6 % en 2020.