Faso Dan’Fani, le pagne tissé burkinabé : un retour en force
Le Faso dan’fani a marqué un retour fulgurant depuis la fin 2014, après les bouleversements qu'a connus le Burkina Faso.
Le tissage artisanal, bénéficie actuellement de quelques niches sur le marché local. Un diagnostic de la filière coton, datant de 2007, dénombrait déjà 49 900 tisserands (29 400 hommes et 20 500 femmes) au Burkina Faso, chacun ayant en moyenne 3 à 5 apprentis. L’activité étant informelle à plus de 85%, il est impérieux d'éstimer le nombre d'acteurs de la filière.
Le filage artisanal du coton est resté pendant longtemps une activité embryonnaire. Historiquement, c’est sous la Révolution d’août 1983, que le métier de tissage va connaitre un essor fulgurant. L’usine de textile Voltex à Koudougou devient alors Faso Fani, essentiellement consacrée à la fabrication du Faso Dan’Fani.
Après des décennies, c’est sous l’impulsion des autorités de la Transition, élus à la fin 2014, qu' un appel a été lancé pour donner une place de choix au Faso dan’fani à l’occasion des festivités du 8-Mars, journée internationale de la femme. Cette mesure a été par la suite entérinée par l’actuel Gouvernement qui a également impulsé le port du Faso Dan’Fani, toute chose ayant impacté positivement l’essor du pagne tissé burkinabè.
Cet engagement des autorités de booster le marché du Faso dan’fani a motivé les promoteurs privés à créer des foires et salons consacrés à la valorisation du pagne tissé burkinabè depuis la fin 2015. Figure sur le listing de ces importantes manifestations, Dan’Fani fashion week, un événement dont la première édition a été tenue du 29 août au 5 septembre 2015 à Ouagadougou, avec pour ambition de faciliter la rencontre entre les acteurs de la filière du textile de l’Afrique pour des opportunités d’affaires. Après Dan’Fani fashion week, ce fut la première édition des journées de valorisation du Faso dan’fani (JVF), une manifestation organisée par le centre l’Oeil des jeunes, tenue du 29 au 30 avril 2016 à Ouagadougou, avec également pour objectif principal, de rassembler l’ensemble des acteurs qui œuvrent dans le domaine du Faso dan’fani. Loin du Burkina Faso, la force du patriotisme burkinabè a également donné du punch à la valorisation du Faso Dan’fani à travers la Nuit du Faso dan’fani, un événement dont la deuxième édition se tient à Paris ce 4 juin 2016.
Le marché du Dan’Fani est donc incontestablement en plein repositionnement au Burkina Faso et constat fait, on assiste à un retour avec force des métiers du tissage. Disséminés dans toutes les localités du pays, les tisserands « ressuscités » nourrissent l’espoir de se « redorer le blason » en relançant leur activité.
Au plan économique, les retombées sont notoires. L’industrie de filature sort de sa léthargie. La production de Filsah (la Filature du Sahel) qui était de 1950 tonnes de fil, est passée à 2000 tonnes de fil à la fin 2014. La société ambitionne déjà d’étendre sa capacité de production actuelle qui est de 5400 tonnes, à 10 000 tonnes. Outre FILSAH, il faut également compter avec l’unité de filature Alok Industrie, implantée dans la périphérie nord de la ville de Bobo, dune capacité de transformation de 12 000 tonnes de fibre par an, arrivée comme une réponse aux nombreuses difficultés liées aux fréquentes fluctuations du marché international du coton.
Aussi, on attend que les nouvelles autorités redonnent du souffle à la société FASOTEX (ex-FASO Fani) qui s’était consacré essentiellement aux activités d’impression et de teinture.
Avec cette relance de l’industrie de filature et du métier de tissage, le nombre d’emplois dans l’activité va connaître une hausse les années à venir et ainsi contribuer à la création de richesse nationale. Le Burkina Faso nourrie donc à nouveau l’espoir de tirer profit du marché du Faso dan’fani.