Production et commercialisation de fraises : un business juteux
Originaire d’Amérique, d’Asie et d’Europe, la fraise est produite au Burkina Faso depuis 50 ans environ. Le Burkina Faso serait d’ailleurs le 4ème producteur de fraises en Afrique.
Même si pour l’heure la fraise, perçue comme « un fruit des Blancs », ne fait pas partie des habitudes de consommation des burkinabè, la production de fraises est une activité très rentable.
Au Burkina Faso, dans la Région du Centre, les producteurs de fraises, organisés en coopératives et en groupements, exploitent trois sites : Boulmiougou, Roumtenga et Bika.
Mais le cœur de la production de fraise demeure le périmètre irrigué du barrage de Boulmiougou dans la périphérie Ouest de Ouagadougou, où des dizaines de maraîchers ont fait des abords du barrage, une fraiseraie depuis les années 70. Plus de 1000 tonnes de fraises seraient produites chaque campagne sur le site de Boulmiougou.
Razack Bélemgnégré, producteur de fraises au Burkina Faso, a démontré qu’un pied de fraisier peut produire entre 1 kg à 2 kg de fraises sur une campagne de 5 mois. Selon le producteur de fraises, on peut raisonnablement placer 40 000 plants de fraisiers sur 1 Ha et atteindre une production de 45 à 76 tonnes de fraises sur l’hectare.
En 2017, le média Africanews estimait à 100 tonnes la quantité de fraises produites au Burkina Faso par an.
Selon les statistiques du Programme d’appui à l’entrepreneuriat agricole (PAPEA), en 2020, les producteurs de fraises au Burkina Faso sont estimés à plus de 571 dont 455 hommes et 116 femmes.
La superficie totale consacrée à la production de fraise est d’environ 58,5 ha, pour une production totale estimée à 2035, 8 tonnes pour l’année 2020 avec des pertes post-récolte allant de 10 % à 20 % de la production.
De l’avis de Sylvain Kaboré, producteur de fraises, les fraises du Burkina s’exportent bien et jouissent d’ailleurs d’une bonne réputation à l’extérieur. Pourtant des burkinabè voient les fraises dans les étals chez les vendeuses de fruits, mais ils n’imaginent pas qu’elles sont produites au Burkina Faso.
La méconnaissance du Burkina Faso comme étant un pays producteur de fraises est un obstacle à l’exportations des fraises du Burkina qui sont parfois rejetées à l’entrée de certains pays, les douaniers n’ayant pas connaissance de la production de fraises au Burkina Faso.
Au regard de ces problèmes, les producteurs burkinabè de fraises plaident pour une plus grande implication des autorités dans la promotion de la filière fraises et surtout pour la facilitation des exportations de fraises sur le marché international et sous régional. Le transport des fraises reste en effet une opération délicate vue la fragilité et la forte périssabilité du produit.
Le développement d’activités de transformation de fraises (confiture, sirop) reste une niche importante à développer. Seulement 10 tonnes soit moins de 1% de la production de fraises est transformée au niveau local par les entreprises telles que Ecofraise, Agro Home Conversion et WASSA, le reste étant exporté vers les pays de la sous région dont le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Mali etc.
Le développement du maillon de transformation de fraises pourrait permettre de créer de la valeur ajoutée et d'éviter le pourrissement des fraises invendues et d'ainsi minimiser les pertes.
Selon Madina Traoré, productrice de fraises au Burkina Faso, la production de fraises est un business rentable : « On ne peut pas donner de chiffres exacts mais quand on investit dans la fraise, on obtient un retour sur investissement dans la même année ».
Le business de fraises nourrit plusieurs familles et offre des opportunités d’affaires. Le prix de la fraise oscille entre 3000f et 4000f/kg sur le marché burkinabè.
La production et la commercialisation de fraises est hautement rentable mais la filière a besoin d’être encadrée et les producteurs formés aux bonnes pratiques.
Dans le monde, la consommation de fraises est en hausse. La culture de la fraise en Afrique de l’Ouest serait donc une manne pour les entrepreneurs agricoles, en témoignent les expériences du Burkina Faso et du Sénégal dans la production de fraises.
Il reste cependant primordial de relever un certain nombre de défis :
- Renforcer les connaissances et les compétences des producteurs de fraises ;
- Développer les marchés internationaux et sous régionaux;
- Travailler à la transformation des fraises au niveau local en allant vers le congelé et les conserves ;
- Développer un label « made in Afrique » à travers entre autres la qualité des fraises produites et le packaging.
tout compte fait, la filière fraise demeure un business rentable qui augure un bel avenir au Burkina Faso. Ces dernières années d’ailleurs dans les milieux urbains burkinabè, les fraises se consomment de plus en plus et l’offre de fraises selon les dires de producteurs serait même insuffisante pour couvrir la demande.