Burkina Faso : après un record de 49 milliards FCFA d’amandes de karité exportées en 2023, le gouvernement prend des mesures

Avec une production annuelle de 600.000 tonnes, le Burkina Faso se positionne deuxième exportateur mondial de karité après le Nigeria.
Hausse continue des exportations d’amandes de karité depuis plus d’une décennie
Entre 2014 et 2023, les exportations d’amandes de karité du Burkina Faso ont connu une hausse impressionnante.
En 2023, la valeur des exportations d’amandes de karité a atteint plus de 49 milliards FCFA, enregistrant ainsi une progression de 49,4 % par rapport à 2022 et de 111,5 % par rapport à 2021.
Si l’on remonte à 2014, année où les exportations s’élevaient à seulement 23,9 milliards FCFA, on constate que la valeur des exportations a plus que doublé en moins d’une décennie, illustrant l’intérêt de cette matière première pour les géants mondiaux de l’industrie cosmétique.
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Une décision gouvernementale pour privilégier la transformation locale
Face à ces exportations sauvages de la noix brute de karité, le Gouvernement du Burkina Faso a pris une décision salvatrice en septembre 2024 : la suspension temporaire de l’exportation des amandes de karité sur toute l’étendue du territoire national.
L’objectif est clair et souveraine :
- Rendre l’amande disponible pour les usines locales de transformation, afin de soutenir l’émergence d’une industrie nationale du beurre et des produits dérivés du karité (cosmétiques, savon, huile, etc.).
- Accroître la valeur ajoutée locale : la transformation sur place permet de multiplier la valeur marchande par deux, voire trois, comparée à l’exportation brute.
- Créer des emplois et renforcer l’économie nationale, en favorisant l’industrialisation et en limitant la fuite de valeur hors du pays.
Le communiqué conjoint des ministères du Commerce et des Finances précise que la délivrance des Autorisations spéciales d’exportation (ASE) est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Tout contrevenant s’expose à des sanctions, et un dispositif de numéros verts a été mis en place pour recueillir les dénonciations.
Quels enjeux pour la filière ?
Cette décision, saluée par certains acteurs industriels, pourrait marquer un tournant pour la filière karité :
- Les usines locales disposeront désormais de davantage de matière première pour augmenter leur capacité de production.
- Les coopératives de femmes pourraient bénéficier de contrats plus stables avec les transformateurs nationaux.
- À moyen terme, cette mesure pourrait renforcer l’image du Burkina Faso comme acteur majeur du marché mondial du beurre de karité.
Cependant, des défis demeurent : assurer des prix rémunérateurs pour les collectrices, développer les capacités industrielles et garantir la compétitivité des produits burkinabè face à ceux d’autres pays exportateurs.