Noix de cola : un marché en perte de vitesse
En 2006, selon un article publié par le quotidien burkinabè Sidwaya, le marché de la noix de cola était en très bonne santé.
Le commerce de la noix de cola avait généré un chiffre d’affaires de trois milliards de F.CFA, 25 à 30 millions d’impôts sur le bénéfice et plus de 265 millions de FCFA d’assurance.
Selon, la situation des échanges commerciaux du Burkina Faso de 2013, les importations de noix de cola sont restées stationnaires sur la période de 2003 à 2011, avant de connaître une chute drastique en 2012 pour s’établir à 4 934 tonnes contre 10 572 tonnes en 2011. En 2012, seulement 721 millions ont été consacrés à l'importation de la noix de colas contre plus de 2 milliards 800 millions en 2011.
En 2013, bien que les importations de noix de cola se soient chiffrées à 773 millions de FCFA, soit une légère hausse par rapport à l'année précédente, le marché de la noix n'est guère à la reprise. De sources bien certaines, les statistiques de 2014 seraient toujours de tendance baissière.
Dans les années 2006, environ 600 commerçants à Ouagadougou écoulaient entre 8 000 et 12 000 paniers de colas par mois sur le marché intérieur. Le marché était alors à son apogée. Trois qualités étaient proposées à la clientèle : le panier vendu tel qu’il est ramené du marché ivoirien, le panier reconstitué, comportant les meilleures noix, le plus cher. La 3e catégorie, évidemment la moins bonne et la moins chère.
Depuis cette période de gloire de la filière, des revendeurs du Ghana, du Togo, du Mali et du Niger s’approvisionnent sur le marché burkinabè, après que leurs fournisseurs eurent transféré leurs affaires du fait de la crise ivoirienne. Du coup, le Burkina Faso est devenu, à la fois, un importateur et un exportateur de la noix de cola, bien qu'il n'en produise pas.
Si la noix de cola a connu ses années de gloire, la filière est aujourd'hui en perte de vitesse.
Bouaké en Côte d'Ivoire, centre névralgique de négoce de la noix a perdu de sa notoriété d'antant et n'est plus que l'ombre de lui-même. De 45 000 paniers par mois en 2002, à peu près 5.000 paniers de colas transitent aujourd'hui par Bouaké, en direction du Burkina Faso et des pays sahéliens voisins. Des burkinabè, jadis installés dans cette ville et œuvrant dans la filière, ont fini par transférer leurs activités au Burkina Faso.
Mais la crise que vie cette noix n'est pas seulement liée au marché mais aussi aux transformations socio-culturelles de ces dernières années. La noix de cola s'est même déjà fait ravir la vedette dans de nombreuses cérémonies par des produits de substitut (cacahuètes, dattes, bonbons pecto,zoom-koom ...). Pour maintenir le cap, elle tente de quitter son milieu des rites pour s'inviter dans les maquis, bars et buvettes où elle se vend et se consomme comme amuse-gueule, coupe-faim, stimulant ou aphrodisiaque pour certains.
Bien que le marché sous-régional de la noix de cola ait perdu de sa santé, des centaines de commerçants burkinabè vivent du business de la noix de cola et y fondent toujours beaucoup d'espoir.