Aliments pour animaux d’élevage : commerce de fourrages, un marché émergent
Au Burkina Faso, l’élevage constitue la seconde activité économique après l’agriculture et occupe 30% de la population en contribuant pour près de 12% à la formation de la valeur ajoutée nationale selon le ministère en charge des ressources animales.
Au Burkina Faso, l’alimentation des ruminants domestiques repose essentiellement sur les pâturages naturels et les résidus de culture. Or, dans les périphéries des grandes villes, les espaces de pâturage naturel sont de plus en plus restreints.
Pour satisfaire les besoins croissants en fourrages des élevages dans les zones urbains et périurbains, des marchés d’aliments fourragers se développent ces dernières années dans les grands centres urbains, notamment à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.
Le marché de fourrages
Des marchés permanents ou saisonniers d’aliments fourragers existent dans les grands centres urbains Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Le fourrage vendu se compose d’herbes fraiches, de foin, pailles de céréales et de fanes de légumineuses.
Les acheteurs de fourrages vert ou sec sont majoritairement des éleveurs de petits ruminants ainsi que des éleveurs de bovins résidant en ville.
Plus de 90% du fourrage vendu sur le marché est collecté dans la brousse. Une infime partie du fourrage écoulé sur le marché provient des aires protégées (forêts classées), des bas-fonds, des abords des cours d’eau, des plaines alluviales, des domaines privés (comme par exemple le Centre agricole polyvalent de Matourkou au sud de Bobo-Dioulasso) et des jachères.
Pour ce qui est des résidus de cultures, ils sont récoltés dans les champs de céréales, de légumineuses et de cultures de contresaison.
Les fourrages vendus sont de divers types : le fourrage vert, le foin, la paille de céréale, les fanes de légumineuse et les fourrages ligneux.
Les sites de vente de fourrage sont localisés aux abords des axes routiers.
Pour l’heure il n’y a pas d’autorisation pour l’exercice de cette activité de commercialisation de fourrages.
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Prix du fourrage
Selon une étude publiée en juin 2018, le fourrage est vendu en tas ou en fagots dont le poids varie suivant le type de fourrage.
De façon générale, selon la même étude, le prix du fourrage est plus élevé sur les sites de Ouagadougou comparé aux sites de Bobo-Dioulasso. Les fanes de légumineuses ont le coût le plus élevé (200 à 400 F.CFA/kg), suivi de l’herbe fraîche (50 à 82 F.CFA/kg). Les pailles de céréales sont les moins chers (20 à 65 F.CFA/kg).
L’activité est jugée rentable et permet de faire des bénéfices à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.
A Ouagadougou, la vente de fourrage permet aux petits vendeurs d’engranger entre 3000 F.CFA et 6000 F.CFA par jour, soit entre 90 000 F.CFA et 180 000 F.CFA le mois.
Sites de vente de fourrages à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso
Au Burkina Faso, la vente de fourrages est une activité en plein essor.
On dénombre à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso de nombreux sites de vente de fourrages pour alimentation d’animaux d’élevage.
Les plus grands sites de vente de fourrages à Ouagadougou sont Sapouy gare (patte d’oie), Tambogdin yaar (Karpala), site de Tanghin (Tanghin), Toéssin yaar (Tampouy) et Zone 1 yaar (Zone I).
Pour la ville de Bobo-Dioulasso, les plus grands sites de vente de fourrages sont Route de Nasso (Colsama) et site de Farakan (Farakan).
Culture de fourrages pour l’alimentation d’animaux d’élevage : un business qui augure de bonnes perspectives
Le fourrage étant prélevé à 90% dans la brousse, à long terme, cela aurait pour conséquence la rareté des espèces les plus appréciées, la dégradation des zones de prélèvement et une perte de la biodiversité.
En effet, la coupe au stade de floraison ou épiaison des plantes annuelles, stade végétatif recommandé pour avoir le fourrage de bonne qualité, réduit la densité des plantes des espèces concernées, avec pour conséquence leur rareté, voire leur disparition à long terme dans les pâturages naturels.
La culture de fourrages s’avère alors nécessaire pour la sauvegarde de l’environnement et la pérennité de l’activité de vente de fourrages.
La distance parcourue par les préleveurs pour s’approvisionner en fourrages va jusqu’à 40 km, ce qui témoigne de la faible disponibilité du fourrage dans l’environnement immédiat des centres urbains et du nombre de plus en plus importants de commerçants de fourrages.
De même, la collecte des résidus de cultures pour la vente pourrait exposer les sols cultivés à l’érosion et réduire leur productivité à long terme.
La pratique des cultures fourragères s’affiche comme un business rentable très rentable qui pourrait contribuer à rendre disponible le fourrage de bonne qualité. Cependant, force est de reconnaitre que, pour l’heure, les vendeurs ne sont pas très ouverts à la culture de fourrages.
La production de fourrages est une activité qui peut être pratiquée sur de petites superficies avec des espèces améliorées à forte productivité. Pour cela, les cultures fourragères à double objectifs pourraient être privilégiées. D’ailleurs, la rentabilité de la vente des fanes de légumineuses par rapport aux autres types de fourrages témoigne de bonnes perspectives.
Le cout élevé des fanes de légumineuses est sans doute en rapport avec leur valeur nutritive élevée comparée aux autres types de fourrages.
Avec un prix de vente moyen d’environ 300 F.CFA/kg, les fanes de légumineuses reviennent par exemple plus chères que les aliments concentrés, tels que les tourteaux de coton dont la tonne fait 150 000 F.CFA, soit 150 F.CFA/kg.
La production et la commercialisation de fourrages est un marché prometteur qui augure de très bonnes perspectives.
Cependant, le secteur n’est pas organisé, ce qui présage sa précarité, même si son importance dans le soutien alimentaire des élevages urbains est fondamentale.
D’où la nécessité d’une meilleure organisation des acteurs et surtout leur sensibilisation à la pratique de cultures fourragères pour la sauvegarde de l’environnement et la durabilité de leur activité.
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Réf. : H.O. SANON et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 12(3) : 1247-1259, 2018