Industrie de la farine : vers un rebattage des cartes
L'industrie de la farine est en pleine renaissance au Burkina Faso.
Le marché de la farine au Burkina Faso va connaître de profondes mutations. Le secteur a accueilli presque concomitamment, en 2013, la Minoterie de l’Orient (MINOR SA) et la Minoterie du Faso (MINOFA), deux géants de la farine.
MINOR SA a lancé sa production en juillet 2013 alors que la réouverture par les autorités burkinabè des Grands Moulins du Burkina (GMB) en arrêt d’activités depuis 2008, était à l'ordre du jour. MINOR SA, propriété du richissime homme d’affaires libanais Rimon Hajjar, déjà monopoleur du marché de la boulangerie au Burkina Faso, s’est lancé dans la production et la commercialisation de la farine de blé, de céréales locales et d’aliments de bétail. Sa production quotidienne est de 250 tonnes par jour.
Le libanais devra donc partager le marché avec MINOFA entrée en activité depuis mars 2016. Cette dernière ambitionne déjà de mettre sur le marché de la farine de blé compétitive. Née des cendres de l’ex-GMB, MINOFA a été réhabilitée à 2,5 milliards de F CFA, dont 80% financés par l’Etat burkinabè. L’unité va offrir 150 tonnes de farine de blé par jour.
La demande nationale de farine de blé étant de 110 000 tonnes par jour, le reste est comblé par les importations dont la valeur a atteint 56 milliards de F.CFA en 2013. Si, pour l’heure, la capacité de production des deux sociétés en activité, est loin de satisfaire la demande nationale, une entrée qui n'est pas des moindre est déjà attendue.
Le richissime malien Houb Baby, propriétaire des Moulin du Sahel, est à pied d’œuvre pour la création d’une unité de transformation de blé dénommée Moulins du Sahel Burkina (MDS-Burkina), à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Ce projet a été financé partiellement en 2014 par la Banque ouest africaine de développement (BOAD) à hauteur de 1,9 milliards de FCFA.
Si le marché de la farine est en pleine relance, il l'est sur fond de concurrence. Déjà, avant le lancement de ses activités, les responsables de MDS-Burkina ont décidé en janvier dernier de faire passer son capital de 10 millions de francs CFA à 1 milliard de francs CFA. On pressent une arrivée en force du malien. Même offensive du côté de MINOFA qui prévoit un investissement additionnel à venir de 2 milliards de FCFA, afin d’optimiser la production de l’unité. Quant à MINOR SA, elle jouie pour l'heure d’une certaine quiétude. Sa production de farine est quasi-totalement demandée par la chaîne des Boulangeries Wend-konta, également propriété du libanais.
Dans tous les cas, le rebattage des cartes est inévitable. La guerre de la farine est imminente et, d'ici à la fin de l'année ces tois mousquetaires de la farine pourraient passer à l'offensive.